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La Cène

Nous sommes dans un intérieur. Comme pour d'autres oeuvres du cycle présenté à Laives, les personnages sont disposés en frise autour de la table où Jésus a réuni ses disciples pour le repas pascal : 

 

" Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze. Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. » Ils devinrent tout tristes et, l’un après l’autre, ils lui demandaient : « Serait-ce moi ? » Il leur dit : « C’est l’un des Douze, celui qui est en train de se servir avec moi dans le plat. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. » Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Jésus leur dit : « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. » Pierre lui dit alors : « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. » Jésus lui répond : « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »  Mais lui reprenait de plus belle : « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. » Et tous en disaient autant." (Mt 14, 17-31).

 

Le Christ est au centre de la composition. La scène prend une dimension surnaturelle avec la présence de la colombe de l'Esprit-Saint, jaillissant de la nuée céleste (que l'on ne s'attend pas à voir envahir l'arrière-plan) et dardant un rayon étincelant en direction du Sauveur. 

 

 

Cette lumière divine inonde les personnages qui nous sont présentés dans une variété d'attitudes et d'expressions, allant de l'émotion à l'étonnement, en passant par l'adhésion, la surprise ou l'incompréhension. 

 

Nous sommes aussi en présence d'un instantanné puisque les gestes et les regards tournés vers Jésus sont en suspens.

 

Nous pouvons facilement identifier quelques protagonistes qui sont traîtés par l'artiste avec peu d'indulgence (manifestant ainsi son goût pour un réalisme parfois proche de la caricature et peu enclin à l'idéal de la Beauté) : Jean, à gauche du Christ, les mains posées sur son coeur en signe d'adhésion et d'union avec son Maître ; Pierre, à la droite de Jésus, la mine sombre et préoccupée, se penchant comme pour mieux comprendre le sens profond des paroles et du geste du Sauveur. A l'arrière plan, debout à gauche, le regard noir, s'apprétant à quitter le Cénacle pour aller le livrer, Judas tient en main une bourse. Sur la droite, assistant à la scène, la servante qui semble intriguée et s'incline pour apercevoir le Christ, est une évocation de l'humanité qui s'apprête à recevoir, elle-aussi, le Pain de Vie, s'engageant la suite du Réssuscité sur les chemins de la Vie Eternelle.

Stylistiquement parlant, nous retrouvons les allusions à l'art du Nord de l'Europe associées aux premières influences du baroque romain. On notera le souci des détails dans le rendu du calice, décrit ici comme un objet d'orfèvrerie de la Renaissance et dans celui du riche tapis qui sert de sous-nappe. Quelques allusions anecdotiques agrémentent l'oeuvre, comme le bassin de porphyre (comparable à ceux de la fin de l'Empire Romain) dans lequel sont placées des bouteilles (quel anachronisme...) que l'on souhaite rafraîchir ; ou la présence sur la table du cochon de lait rôti qui faisait plus partie du menu d'un riche marchand du XVIIème siècle que du repas pascal au temps de Jésus !

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